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Des écrits poétiques et littéraires agrémentés de photos ou de tableaux et aquarelles... le monde sensible transfiguré par les mots et les couleurs.

Ah, mon père! ... suite du feuilleton.

Publié le 14 Février 2014 par Nicole Fack

Je suis resté longtemps indifférent à ce ramdam. J'avais trop à faire avec mes petits frères qu'on me fourrait toujours dans les bras: occupe-toi de tes petits frères, et qui ne savaient qu'inventer transformer ma vie en enfer. De plus, les parents s'étaient lancés dans le commerce - se mettre à son compte, le vieux rêve des classes populaires! - mais le magasin de chaussures ne rapportait pas autant qu'escompté et comme il fallait rembourser l'emprunt, le père était devenu démarcheur pour un fabricant de bière. Il y avait beau temps que la charpente ne faisait plus recette et que Joe était ouvrier dans la fonderie du patelin. Au lieu d'accéder au statut de bourgeois, ces malheureux se trouvaient sur la pente savonneuse du déclassement. On se nourrissait essentiellement de tartines et de café au lait au grand désespoir de Maman. Le pire a été teint quand elle s'est mise à soupçonner Joe de la tromper. Son nouveau job lui permettait de s'absenter tout le temps et il trouvait souvent des prétextes pour ne pas rentrer en fin de semaine, ce qui, entre nous, lui éviitait les demandes pressantes de Maman qui voulait de l'argent pour nous nourrir. C'est à partir de ce moment, je crois, que je me suis mis à le renier consciemment. Il n'était pas mon père, je l'avais toujours su, ça ne m'étonnait pas qu'il se conduise si mal... mon vrai père, lui, devait être un type bien, bien plus beau, bien plus intelligent, bien plus sensible, bien plus gentil avec sa femme et ses enfants... mon vrai père ne buvait pas de Heineken, ne troussait pas les filles de bistrot, n'envoyait pas paître ses enfants quand ils lui posaient des questions. Penser cela me consolait. Dans un sens, si je cédais au scientisme mal digéré ambiant, c'était surtout pour sauver ma peau!

Ah, mon père! ... suite du feuilleton.
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