Un merle siffle, solitaire.
Le jour n'est pas encore levé, et
Les yeux grands ouverts, je savoure.
Les ombres, sur les murs de ma chambre, dansent aux phares des rares véhicules.
J'aime ce moment secret
où seule éveillée dans la maison de silence,
Je me laisse charmer par le chant volubile d'un petit être perché,
Invisible, fragile, bavard,
Veilleur de matin qui me dit à moi seule:
Voici le jour, porteur de surprises...
Trop tôt pour me lever. je paresse au chaud de mon lit,
Tandis que s'égosillent les autres chanteurs de la troupe.
Agitez-vous pendant que j'élabore encore l'avenir au gré du temps qui glisse,
Qui file, qui s'échappe.
Du temps en mouvement, même quand s'arrête la montre,
Du temps qu'on perd, du temps qu'on gagne,
Du temps qu'on joue aux dés et qui n'abolit pas le hasard.
Au guichet de la vie, chacun souscrit, chacun attend son du,
Chacun espère, puis désespère:
Quand je serai grand, quand j'étais petit,
Quand nous chanterons,
Quand vous serez bien vieille...
Et le merle se moque !