Avec lui, on sait qu'il vaut mieux s'installer dans la durée. Ceylan n'aime rien tant que les longues conversations un peu vaines dans des décors somptueux et interminables. Ici encore, il s'agit de vacuité, une vacuité au long cours ! il neige, il neige, il n'en finit pas de neiger et le professeur d'arts plastiques traine sa vie impécunieuse entre ses collègues et ses élèves. Pas vraiment d'intrigue ; celle qui s'amorce avec les insinuations de pédophilie ne mêne nulle part, pas plus que celle de la trahison. Le personnage principal vit les choses sans réelle implication, avec un discours de gauche mais aucune action, et même quand il finit par quitter ce pays qui ne connaît que deux saisons, l'enthousiasme retombe très vite, tant il sait qu'il portera partout le vide qui est en lui.
On ne s'ennuie pas vraiment, mais on ne se passionne pas non plus ni pour lui, ni pour les ados, ni pour son colocataire trahi, ni pour la boiteuse instrumentalisée... à un moment, on a l'impression qu'on est dans un film à la Kiarostami : un studio de cinéma fait irruption, mais c'est si bref, qu'on pourrait croire à une simple erreur de montage... Trois heures vingt pour décrire le vide !