Il sort maintenant en France, mais c'est son premier long métrage. Intéressant, donc, de voir d'où est parti ce cinéaste qui compte. Dès ce début, ses thèmes favoris sont présents : la vie rurale en Anatolie, la neige, le désir de culture, l'enfance... le film se décompose en deux parties, la première montre le fonctionnement d'une classe en hiver, alors qu'il ne cesse de neiger. Presque muette, cette partie est à la fois réaliste et poétique. les enfants s'amusent de riens, se moquent de l'idiot du village, font sécher leurs chaussettes trempées au-dessus du poêle... Dans la deuxième partie, la neige a fondu et deux écoliers rentrent chez eux, si l'on peut dire. Ils rejoignent la famille dans un bois ; le grand-père parle, l'érudit du groupe (leur père? leur oncle?) raconte, les femmes épluchent des pommes et font cuire du maïs sur un feu de camp... la nuit tombe... apparemment, cette famille a eu une maison, mais elle a brûlé. Alors, ils sont là et le jeune homme, ténébreux aux faux airs de James Dean, rêve de départ... et le bavardage s'étire, finalement inutile, parce que la critique sociale n'est pas dans les mots, mais dans les images. Tchekhov, déjà.
Un film pour cinéphile.