Voilà un film fort, tragique, réaliste et symbolique à la fois. Un film dont l'image est particulièrement soignée et la mise en scène épurée.
Ça se passe en Tunisie, la première des nations à se révolter en 2011, la seule qui persiste à vouloir la démocratie et à lutter pied à pied pour l'éthique politique, quand les autres sont vite retournées aux dictatures qui rassurent... Dans un quartier que Ben Ali promettait édénique et dont la construction s'est longuement arrêtée, se produisent des faits étranges : des corps nus brûlent sans se débattre, sans avoir besoin d'essence, sans laisser de notes derrière eux. La police enquête. Enfin, une certaine police : celle qui justement enquête aussi sur la corruption de l'autre. Sujet âpre, tendu. La jeune policière est fascinée et s'expose dangereusement. Tous ceux qui veulent la justice risquent leur vie, comme au temps du dictateur... ces corps brûlés rappellent celui de Mohamed Bouazizi dont l'immolation aurait dû sortir la Tunisie de l'enfer.
Esthétiquement, c'est une pure merveille. De jour comme de nuit, ces ébauches de bâtiments ultramodernes découpent l'image et offrent des contre-jours somptueux. Et ce feu qui brûle les corps debout et immobiles sont un rappel au tragique et une évocation du désespoir. Inutile de préciser que je vous le recommande.