Je dirai que ce film est un antipoison. Depuis de décennies, on vous instille les aventures cucul et tellement confortables pour l'esprit de l'impératrice Elisabeth d'Autriche, incarnée par la souriante Romy. Eh bien, voilà un autre regard. Vicky Krieps n'a pas le sourire aisé, elle ne vit pas un conte de fées, elle souffre de compassion envahissante à l'endroit des "fous" et des blessés de guerre, elle aimerait qu'on l'aime encore... Mais voilà : la Kakanie, comme disait Musil, est raide, engoncée dans la seule chose qui lui reste encore : la bienséance. Dur dur pour une femme spontanée et désireuse de vivre.
Vicky Krieps est parfaite, comme toujours et ses compagnes et compagnons aussi. La mise en scène s'interdit la démonstration, ce qui permet au spectateur de rester actif et empêche la chute dans le gnangnan. Si vous n'avez pas peur de l'aridité, voyez ce film. Vous n'oublierez pas Romy, vous la verrez sous un autre jour.