J'avais compris qu'un bébé, s'il dort beaucoup, c'est parce qu'il ressent un minimum de fatigue et qu'il a assouvi tous ses besoins, c'est à dire qu'il a mangé, bien sûr, mais aussi qu'il a fêté tout son soul. Nos journées à deux dans la chambre de la maternité, furent donc des journées d'échange. Je faisais tout ce qui était réputé néfaste : je laissais mon bonhomme accroché à mon sein autant qu'il en avait envie, je prenais tout mon temps pour le changer, je passais de longs moments à lui parler... et lorsqu'après tout cela, je mettais au lit, il s'endormait comme un bienheureux. J'étais moi-même détendue.
Les chambres d'accouchées étant interdites aux enfants, je retrouvais ma grande fille dans la salle d'attente, pendant que le papa apprenait son fils petit à petit. Rochelle trouvait injuste de ne pas pouvoir illico jouer avec son petit frère; elle ne l'apercevait que par la fenêtre, vision fugace et frustrante.
Au bout d'une semaine, je quittais la clinique, mon bébé dans les bras et rentrais seule avec lui dans ma chère 4L. J'étais contente de retrouver ma maison. À 16h, je plaçai le jeune homme dans son landau et me dirigeai vers la maternelle dans le jardin de laquelle eut lieu la vraie rencontre entre le frère et la soeur.