Un film d'une grande force !
Ce film québécois (Sophie Deraspe) évoque, évidemment le personnage tragique de Sophocles mais s'appuie aussi sur les déclinaisons de Anouilh, Brecht.. que la réalisatrice a l'élégance de remercier. Mais il n'est pas seulement une adaptation: transposé dans notre monde dont la violence n'a rien à envier à celle de l'Antiquité, il est surtout terriblement humain. Situé dans une banlieue canadienne qui souffre des mêmes maux que les nôtres, il évoque des souffrances inguérissables. Réfugiés au Canada dans les années 90, suite à l'assassinat de leurs parents, Antigone, sa soeur Ismène et ses deux frères Etéocle et Polinyce ainsi que leur grand-mère (personnage formidable)survivent comme ils peuvent. Seule Antigone fait vraiment des études. Mais elle a été tellement traumatisée (à trois ans) par la mort de ses parents, qu'elle met la famille au-dessus de tout. Elle fera tout pour sauver Polinyce, au risque, bien sûr, de se perdre elle-même.
La transposition est adroite. Les acteurs et surtout l'héroïne, sont d'une grande sincérité, la mise en scène, pugnace, est très efficace. Une grande tension, doublée d'une profonde émotion. N'hésitez pas à voir ce film, il va vous chavirer.