Ce premier mai est étrange. Les temps que nous vivons sont étranges. Le boulevard est vide, seul un chien y trottine ; les avenues seront vides, contrairement aux autres années, depuis 1890.
Est-ce à dire que le vacuité règne ? Je constate autour de moi qu'une importante activité s'est développée depuis la mi-mars. Dans un premier temps, beaucoup ont nettoyé, trié, fait place nette dans leur appartement, comme pour préparer l'arrivée du neuf. (espérant que neuf-là ne serait pas Made in China) Dans un deuxième temps, c'est la machine à cogiter qui s'est enclenchée, et celle-là n'est pas près de s'arrêter.
Il y a d'abord les mélancoliques qui broient du noir activement. Qui leur en voudra, il y a de bonne raisons pour cela.
En parallèle, il y les optimistes qui voient l'avenir en vert, guéri des gaz toxiques et des excès de la finance.
Et puis il y a ceux qui flottent entre les deux, cherchant à s'informer, à se former, à naviguer entre les vraies et les fausses nouvelles. Leur tâche est ardue !
Enfin, il y a les poètes de tous poils, poètes des mots, poètes des couleurs, poètes des notes de musique ou du corps en mouvement. Ceux-là agitent non seulement leurs neurones mais aussi leur sensibilité. Ils sont nombreux, plus nombreux qu'on ne le croyait. Cette crise effrayante les aura révélés aux autres et à eux-mêmes ; comme quoi, la nature humaine trouve toujours des ressources.