Hôpital de campagne ou campagne à l'hôpital ?
Je ne vous cacherai pas que ce matin, j'ai été victime d'une attaque de désespoir. Crise de larmes en entendant de nouveau l'exercice de langue de bois martiale et péremptoire de notre général en chef, inaugurant l'hôpital de campagne installé à Mulhouse.
Tel un enfant qui a cassé son jouet et qui promet Je'l'frai pus, notre fringant président s'est fait Père Noël déversant sa hotte de joujoux dans nos oreilles alors qu'on n'a pas de tests, pas assez de masques, pas assez de soignants... Mais bon, tout ça vous le savez comme moi. L'irresponsabilité de la calculette est terrifiante. Aurons-nous la force d'exiger un VRAI changement quand la situation normale va revenir ou retomberons-nous dans nos travers habituels : égoïsme et naïveté ?
Beaucoup d'amis me disent que plus rien ne sera comme avant. J'aimerais les croire, j'aimerais qu'ils aient raison. Et en ces temps terribles, je pense à Aragon: Un jour, pourtant... je ne résiste pas au plaisir de vous donner ci-dessous un extrait qui fait penser :
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Le partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché
La poésie ne peut sans doute pas sauver le monde, mais quelle force, quand-même !