En suivant l'actualité, il m'arrive de prendre un peu de distance. Il vaut mieux, ça aide à supporter, parfois. C'est ainsi que je me suis mise à évoquer notre devise nationale qui est si belle. Liberté, Egalité, Fraternité. Le rythme ternaire, l'assonance, l'universalité des aspirations font de ces trois mots, en effet, la plus belle des devises.
Et puis, bien sûr, je me suis approchée pour mieux voir et surtout pour vérifier ce qu'il en était des promesses de 89 (1789 ! )
La liberté - nous y sommes très attachés et nous sommes persuadés d'en jouir totalement... enfin, en sachant que ma liberté s'arrête là où commence celle de l'autre, comme on me l'enseignait à l'école primaire, il y a bien longtemps.
Qu'en est-il aujourd'hui?
Je peux encore parler à ma boulangère sans craindre un mouchard caché au milieu de ses baguettes.
Je peux aussi avoir ou non une religion la professer publiquement. Mais là, déjà, il y a des frictions, nous le savons tous. Nous ne sommes pas choqués quand nous croisons une bonne soeur à l'ancienne ou un curé en soutane, mais les femmes musulmane "emmaillotées" nous dérangent. Les cloches sonnent le dimanche ou le samedi, mais on n'imagine pas un muezzin appeler à la prière à Paris ou Avignon, pas plus que d'entendre la sirène du shabbat le vendredi.
Je peux penser ce que je veux; même les pires dictateurs n'ont jamais réussi à entrer dans les cerveaux. Néanmoins, on sait à quel point l'humain est influençable et on connaît les dégâts de l'autocensure.
Je peux écrire ce que je veux; mais il faut constater que, de nos jours, toutes sortes de pressions s'exercent. L'un apprend qu'une biographe s'apprête à raconter sa vie et interdit formellement à l'éditeur de publier. L'autre fait le siège des théâtres et des cinémas pour empêcher tel spectacle qu'il n'a pas vu mais qui lui déplait. Un autre encore fait pression sur un maire pour qu'il interdise une exposition (qu'il n'a pas vue davantage) Les exemples, hélas, sont légion, jusqu'à l'extrême: l'agression criminelle de Charlie Hebdo pour cause de dessins humoristiques en est le pire exemple.
Je suis libre d'aller et venir à mon gré. Mais mon téléphone signale ma position à tout moment, même si je n'ai aucune envie que cela se sache. Et, bien sûr, cette liberté de mouvement dont je jouis n'est pas donnée à tout le monde, et particulièrement pas à ceux qui en ont le plus besoin pour échapper au malheur.
J'ai le droit de manifester, mais si je perds un oeil grâce à un policier, je n'aurai qu'à m'en prendre à moi-même: "Fallait rester chez vous, ma petite dame !"
Mais malgré tout ça, ce premier mot de notre chère devise est encore celui qui est le plus respecté.
Demain, chers lecteurs, je vous ferai part de mes réflexions sur l'égalité !