Là, on tombe de sa chaise. Cette notion n'a jamais été la mieux respectée, mais depuis quelques décennies, on la foule carrément aux pieds. Le capitalisme triomphant a trouvé la parade à tout mouvement social, à toute revendication : il faut mettre chacun en concurrence avec tous - tout en feignant de regretter l'individualisme exacerbé - un homme isolé est bien désarmé, face aux puissances d'argent. On a eu les grandes surfaces qui ont tué la commerce de proximité, puis le commerce en ligne qui tue les grandes surfaces. On a eu les pauvres en concurrence avec de plus pauvres qu'eux à qui on a apporté les manufactures sans droits pour les travailleurs et à gros bénéfices pour les actionnaires. On a maintenant les auto-entrepreneurs, faux indépendants, taillables et corvéables à merci et condamnés à se taire parce que seuls.
Alors, bien sûr, l'humanité tente de reprendre le dessus, de retrouver la chaleur du groupe. Elle le fait par divers moyens, souvent illusoires: sectes, interventions violentes, nihilisme, rave party, pourquoi pas ? Mais tout cela n'est pas gratuit. Ceux qui organisent la fin de la fraternité en tirent profit et, ce qui est nouveau, ils s'en vantent!
Reste que le cadavre est à terre, mais l'idée est debout : les gilets jaunes en ont été la démonstration, d'où la violence de la répression et la tentative d'infiltration. La grève contre le projet de retraite en est un autre exemple. Mais on voit bien que la solution xénophobe par exemple "marche" mieux que la fraternité qui est décidément bien mal en point !