Notre Président s'affaire. C'est bien le moins ! La colère s'exprime depuis le 17 novembre, laissant les Français à la fois bienveillants et sceptiques. Tout le monde voudrait sortir de là le plus proprement possible, mais comment faire ? Dans un premier temps, le gouvernement a joué le pourrissement, avec l'aide des forces de répression dont l'action a beaucoup choqué parfois. Devant la persistance du mouvement, et bien qu'il ne s'agisse que de quelques milliers de protestataires chaque samedi, le président a eu l'idée du siècle (du 18ème ?) Faire rédiger des cahiers de doléances et organiser un grand débat national - pourquoi pas des Etats Généraux ? - mais il faut regarder tout ça avec la distance nécessaire et se garder de la hâte comme de la séduction.
En écoutant attentivement les propos du Président, on se rend-compte qu'il est une sorte de Mozart composant une sonate avec variations à l'infini sur le même thème. Sa phrase préférée :
"Pour distribuer, il faut avoir des caisses pleines" le bon sens paysan est parfois présent , même chez les élèves de l'ENA !
Lors de son "itinérance mémorielle", à Colombey les Deux Eglises, il a été interpellé gentiment, modestement par une vielle dame qui lui a dit : "Ma retraite est de 500€ par mois, il faut faire quelque chose, monsieur le Président" il a répondu : "Si je vous donne quelque chose, il faut que je le prenne à d'autres, et puis, vous savez, il ne faut pas vous plaindre, le Général ne se plaignait jamais, lui."
Hier, il a rencontré des Français dans la Drôme et il a répété son antienne : "ce n'est pas parce que je rétablirai l'ISF que vous serez plus riches." parce que, voyez-vous, l'ISF est censée s'investir dans l'économie réelle et donner des emplois, donc des impôts qui rempliront les caisses de l'Etat avec lesquels on pourra aider les gens.
Je ne suis pas fiscaliste, mieux, je partage le bon sens paysan et je sais qu'on ne peut distribuer que ce que l'on a.
Alors, prenons le problème par l'autre bout. L'Etat, n'importe quel Etat, de n'importe quel pays, ne peut fonctionner que si de l'argent rentre dans ses caisses. Et d'où vient cet argent ? de l'impôt. Ceci étant posé, la question corollaire est : comment fait-on pour percevoir suffisamment d'impôts pour faire fonctionner la police, la justice, l'école, la santé ?
En 1789, le clergé et la noblesse ne payaient pas d'impôts; c'était la règle. Le premier, chargé du salut des âmes était occupé à prier pour les Français. La seconde, qui seule pouvait porter l'épée et monter à cheval, était chargée de protéger ces mêmes Français. Moyennant cette tripartition fonctionnelle, les privilégiés avaient bonne conscience et les autres acceptaient de payer des impôts de plus en plus lourds (la dîme était devenue le septième voire le cinquième; la taille étant fixée arbitrairement, la gabelle donnant lieu à une obligation de consommer le sel !). Mais déjà, les armées ne pouvaient se passer de gueux à pied pour mener bataille, les beaux habits des nobles, leurs épées et leurs chevaux n'y suffisant plus. Le roi eut une idée : faire rédiger des cahiers de doléances dans les paroisses puis convoquer les Etats Généraux, afin que les Français, par le truchement de leurs représentants, élaborent eux-mêmes une stratégie nouvelle de perception d'impôts que les uns ne voulaient pas payer, et que les autres ne pouvaient pas payer. L'histoire ne se répète jamais à l'identique, je vous le concède. Et surtout, nous ne sommes pas dans la même situation.
Aujourd'hui, l'argent qui manque si cruellement, se promène de par le monde, il est virtuel, en quelque sorte. Mettre le grappin dessus demanderait un autre raisonnement et une autre volonté politique. Une harmonisation européenne, voire mondiale organisée par des dirigeants dépourvus de toute avidité, insensibles à tout lobbying (en français : corruption ?) Ce n'est pas demain la veille. La mondialisation est le subterfuge trouvé par le capital pour échapper à tout contrôle. Les théories économiques "libérales" sont le lait dont se nourrissent les énarques. Alors, faites comme le Général : ne vous plaignez jamais. Payez, taisez-vous, et continuez d'engraisser les vint-six personnes qui possèdent autant que 3,7 milliards d'habitants de cette terre.
Dernière minute: 1500 jets privés ont acheminé les "grand" à Davos. Est-ce au sein de ce forum que les puissants élaborent l'avenir de l'atmosphère, du climat, des terriens ?