Une manie récemment apparue et qui se répand à toute vitesse : l'usage abusif et fautif de l'un (e) des... J'ignore vraiment d'où vient cette coquetterie , mais elle est assez ridicule.
Hier encore, j'ai entendu:
Une des raisons pour laquelle les syndicats se méfient...
Cela ne vous choque pas ? alors, c'est que vous êtes déjà atteint, vous aussi, et que vous êtes bien capable de dire:
Un des sujets principal...
Incommensurable douleur pour moi ! Mais réfléchissons au lieu de nous plaindre. Dans le premier exemple, il s'agit de savoir si les syndicats ont une ou plusieurs raisons de se méfier (en tout cas du point de vue du locuteur !) En employant LAQUELLE, il opte nettement pour le singulier, c'est à dire que pour lui, il n'y a qu'une raison. Dans ce cas, il doit dire, LA raison pour laquelle. C'est tout simple, c'est tout bête...trop, peut-être.
Si le locuteur estime qu'il y a plusieurs raisons de se méfier, alors, le pronom relatif doit être au pluriel et on doit dire une des raisons pour lesquelles ... Evidemment, pour se conduire de cette manière somme toute basique, il faut faire confiance au sens des mots et connaître un minimum de grammaire (qui, je le rappelle, est démodée, selon ma dernière inspectrice de l'E.N)
Même raisonnement pour le deuxième exemple. Soit il y a un sujet principal, soit il y a plusieurs sujets principaux - je rappelle qu'on dit principaux quand il y a plusieurs principal (s) ! hi ! hi ! - la tournure "un des" sous-entend qu'il y en a plusieurs, non ?
D'où vient que certains, qui sont personnes cultivées, s'emberlificotent ainsi dans des tournures contournées qui rallongent la sauce et diluent le sens ? J'ai une hypothèse qui vaut ce qu'elle vaut : la manie depuis plusieurs décennies d'euphémiser par des périphrases les situations qui sont pourtant claires. Les aveugles sont devenus des non-voyants, les femmes de ménage, des techniciennes de surface, les handicapés des personnes porteuses de handicap, la piscine un milieu aquatique profond standardisé et un doudou un objet transitionnel. Résultat, les gens ne s'autorisent plus à aller droit au but. Pour faire preuve d'intelligence, les méandres ; ça vous a un chic !