Je viens de finir la lecture du livre de Joël Dicker: La Vérité sur l'affaire Harry Quebert. Traduit en de nombreuses langues, prix de l'Académie Française, prix Goncourt des Lycéens, ce long roman (854 pages) a enthousiasmé aussi bien Marc Fumarolli que Bernard Pivot. Il s'agit d'une sorte de thriller littéraire portant sur la littérature, les écrivains, la transmission, l'Amour, avec un crime particulièrement odieux à la clé.
Comme tous les lecteurs, je me suis laissée prendre à cette histoire sombre, bourrée de mystères et pleine de rebondissements. Mais, il fallait bien poser ce pavé de temps en temps pour se livrer aux activités nécessaires de la vie, et pour dormir. Et dans ces moments-là, je me disais que le personnage de la jeune Nola, qu'on dit belle et tendre, n'avait guère de consistance et vraiment peu de conversation. Que Harry, l'écrivain-mentor, parlait, lui, par aphorismes un peu lourds et que le jeune Marcus, le vrai héros du roman, était surtout à la recherche de sa propre gloire. Mais l'aventure a toujours réussi à retenir mon attention, grâce aux rebondissements en cascade.
Et puis, sont venus les derniers chapitres, ceux que l'on compte à rebours. Et là, le doute m'a vraiment envahie : plus j'avançais dans ma lecture, plus je me disais qu'il s'agissait-là d'une caricature. Le jeune auteur, dans ce cas, est vraiment très fort : ayant intégré tous les codes du roman à succès tel qu'on l'enseigne dans les ateliers créatifs aux USA, il les accumule et en jette plein la vue du lecteur fasciné qui se shoote aux revirements. Mais il rigole en lousdé, sous ses airs de grand inventeur, il nous manipule et se gausse de nous voir mordre à tous ses hameçons. Marcus, le jeune écrivain en vaine de célébrité, pond son bestseller sans vergogne, il nous explique même comment il est facile de devenir "le Formidable" en n'affrontant jamais que des adversaires faciles, sur des terrains bien disposés, et nous ne voyons pas qu'il nous expose ses ficelles. Si Joël Dicker a un talent, c'est celui-là : duper le lecteur par une parodie qui ne dit pas son nom !