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Des écrits poétiques et littéraires agrémentés de photos ou de tableaux et aquarelles... le monde sensible transfiguré par les mots et les couleurs.

J'AURAIS MIEUX FAIT DE DIRE OUI ! (mémoires d'une obscure...)

Publié le 3 Septembre 2017 par Nicole Fack in Récit, Humour

J'AURAIS MIEUX FAIT DE DIRE OUI ! (mémoires d'une obscure...)

Il arrive à tout le monde de rater des occasions. Le plus souvent, c'est sans conséquences. On y repense parfois, avec un sourire attendri, et puis on oublie, parce qu'en fin de compte, les choix qu'on a faits n'étaient pas si mauvais.

Mais moi, j'ai fait fort. Quand je regarde ma vie minable et ma postérité plus minable encore, je me dis que j'ai vraiment été nulle sur ce coup-là. C'est vrai qu'à l'époque, je n'étais encore qu'une gamine: treize, quatorze ans, allez savoir, tout juste pubère, aucune expérience de la vie, des parents stricts, surtout mon père qui chassait à coups de pied au derrière les garçons du village qui s'approchaient un peu trop à son goût. Alors, pensez !.. n'empêche. Il a bien fini par accepter de me "donner" au Jacob, le fils de son meilleur ami. Il l'a fait sans me demander mon avis. On a dansé, on a chanté, on a fait ripaille, et je me suis retrouvée dans un lit inconnu, sous un presque inconnu, qui s'est fait un devoir de me mettre enceinte à peu-près chaque année. Tu parles d'un destin !

C'est pas pour me plaindre, mais enfin, l'autre, là, celle qui a dit oui. D'abord, on lui a demandé son avis, il ne lui a été fait aucune violence et elle a mis au monde un fils autrement plus gratifiant que ma ribambelle d'incapables? De plus, elle est restée dans l'Histoire, tout le monde la connaît, son fils aussi. D'accord, il est mort jeune et n'a guère pu s'occuper de ses vieux parents sur leurs vieux jours, mais comparé à la gloire qui est la sienne, franchement, il n'y a pas photo.

Ce qui me console, c'est que je ne suis pas toute seule. J'ai découvert, grâce à Facebook, que nous étions au moins une dizaine dans ce cas, toutes originaires de la même région, toutes jeunettes et apeurées à l'idée de circonvenir à la stricte éducation qui était la nôtre. On a fait un groupe pour échanger nos points de vue, on s'envoie des photos de nos maris, tous gras et satisfaits d'eux-mêmes, de nos enfants qui ne sont pas des lumières, mais qui font leur devoir, y compris à l'armée, de nous aussi que les grossesses ont grossies comme un fleuve qui déborde après l'orage. Le même destin, si on peut appeler ça un destin. Le même regret de n'avoir pas osé dire oui à Gabriel, l'entremetteur. Il était beau et raffiné, pourtant, mais on nous avait fourré des principes dans la tête : si un inconnu t'adresse la parole, tu ne réponds pas et tu rentres à la maison. C'est ce qu'on a fait. Et quand on a su qu'elle avait dit oui; non, pas oui, Je suis la servante du seigneur, on a bien rigolé. Elle était naïve comme c'est pas permis, c'est ce qu'on a pensé. Et en plus, elle était fiancée, c'est grave. Mais il faut croire qu'il y a des gens qui sont vernis. Tout a bien marché pour elle: le fiancé, son Joseph, il l'a épousée, alors qu'elle était bien ronde, il a soutenu le bâtard, l'a accompagné partout, y compris quand il a saccagé le temple. Finalement, c'étaient des malins, tous autant qu'ils étaient.Ils sont devenus célèbres, on les adore comme des idoles, on leur fait des offrandes et on les cite en exemples à la jeunesse. Etonnez vous après ça, que les homos se marient!

Jeunes-filles, si j'ai un conseil à vous donner, eh bien, il est très simple: ne dites jamais non à l'archange quand il se présente et s'il tient des propos incohérents, acquiescez. La gloire éternelle  en découlera plus sûrement que si vous gagnez à "Super Star" !

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