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Des écrits poétiques et littéraires agrémentés de photos ou de tableaux et aquarelles... le monde sensible transfiguré par les mots et les couleurs.

IRREMEDIABLE !

Publié le 24 Avril 2017 par Nicole Fack in Récit

LA GOURMANDISE
LA GOURMANDISE
LA GOURMANDISE
LA GOURMANDISE
LA GOURMANDISE
LA GOURMANDISE
LA GOURMANDISE

LA GOURMANDISE

Tu ne convoiteras pas...

La Gourmandise

Mon ultime commandement, vous ne le respectez pas plus que les autres, évidemment. ni la femme, ni la maison, ni le bien d'autrui ! J'y suis allé un peu fort. En édictant ce précepte, j'ai fondé ni plus ni moins que le droit de propriété ! J'ai réalisé tardivement à quel point cette règle avait pu vous nuire. En fait, c'est l'autre Juif, l'Allemand, qui a fini par attirer mon attention sur le problème. En effet, les gens se sont mis à le lire, à l'étudier puis à appliquer sa doctrine; du coup, ils m'ont tourné le dos ! alors, je me suis dit que quelque chose clochait. Alors, moi aussi, je me suis appuyé Le Capital, L'Histoire de Lutte des Classes et tout. Grâce à lui, j'ai compris mon erreur... un peu tard. Encore une fois, je vous avais munis de fortes contradictions : un appétit de vivre, un désir de découverte, une curiosité insatiable pour le monde et pour les autres et en même temps, l'interdiction d'y toucher. Pis encore : je vous avais demandé de faire fructifier vos talents, mais comme lesdits talents , je les avais répartis inégalement , les efforts pour réussir étaient eux-aussi inégalement répartis. Inévitablement, votre sentiment d'injustice s'est accru. Vous êtes devenus envieux (ce que je vous interdisais) certains d'entre vous se sont mis à voler (ce qui n'était pas permis) et pire encore, ceux que j'avais largement nantis  sont devenus les pires prédateurs ! de quoi vous dégoûter de l'honnêteté. Malgré tout, ça a tenu bon pendant des siècles. Vous convoitiez, mais avec mauvaise conscience! et moi, je me régalais de vous voir souffrir pour expier une faute commise des millénaires plus tôt. C'était sans compter sur le temps, que j'avais créé, lui aussi et qui passait. A un moment, trop, c'est trop. Toutes ces frustrations accumulées ont donné naissance à Karl, un petit Juif bien gentil, pourtant ; mais qui était trop intelligent et trop sensible à la fois. Il s'est mis à respecter davantage ses frères humains que Moi. Catastrophe à tous les étages. J'ai payé cher mon imprudence, mais vous aussi. Mais vous n'êtes pas tous intelligents, alors, la révolution, ça n'a pas apporté davantage de bonheur que Mes Commandements.

Mes cher enfants, une fois encore, je vous demande de me pardonner tous ces morts, ces gens torturés, ces gens déportés. Je suis responsable, puisque je vous ai créés naturellement gourmands et portés à jouir des beautés de la vie. Et maintenant, me direz-vous ? eh bien, le problème est là, en effet. Maintenant, nombre d'entre vous se tournent vers Moi et Mes Commandements. Ils le font surtout pour dominer leurs semblables, en cela, ils imitent leur Créateur, je crois bien. Je ne suis pas plus fier d'eux que des athées. Mais je ne peux pas leur jeter la pierre, c'est moi qui les ai mis dans ces draps-là. Je vous l'avoue, mes chères créatures, je suis actuellement dans un abîme de perplexité. Devant le ratage qu'a été ma Création, je me dis que je devrais tout foutre en l'air  et repartir à zéro. Que dites-vous ? ça ferait sept milliards de morts, bien plus que les massacres perpétrés en raison de mon incompétence?  C'est juste. Mais au moins, cela aurait-il le mérite de la clarté.

Il m'arrive de rêver à une nouvelle version de l'Eden, avec des amoureux très amoureux et des fruits qui seraient des vraies pommes, portées par de vrais pommiers et non par des arbres de la connaissance.  Je dirais à mes divins tourtereaux : régalez-vous et profitez de la vie; tout ce qui est là est à vous et rien ne vous est interdit. Vous mettrez au monde des enfants que vous aimerez et qui vous le rendront bien, vous prendrez soin de la nature et des animaux; le temps ne fera de vous ni des orgueilleux, ni des avares, ni des envieux, ni des paresseux, vous vivrez votre gourmandise sans cholestérol, votre luxure sans SIDA, votre mélancolie sans suicide, et vos suicides sans réprobation. Je vous donnerais le bonheur, en somme; et moi, je crois bien que je me retirerais sous ma tente immatérielle pour jouir du spectacle de vos joies, sans exiger que vous passiez votre temps à Me révérer, à Me louer, à Me remercier d'avoir fait en somme, juste Mon devoir de Créateur !

 

Croyez-vous que je sois capable d'une telle abnégation ??? 

 

 

TU NE CONVOITERAS PAS...
TU NE CONVOITERAS PAS...
TU NE CONVOITERAS PAS...
TU NE CONVOITERAS PAS...
TU NE CONVOITERAS PAS...
TU NE CONVOITERAS PAS...
TU NE CONVOITERAS PAS...
TU NE CONVOITERAS PAS...

TU NE CONVOITERAS PAS...

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