Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front !!!
La Paresse
Evidemment, mes chers Petits, je ne vais pas vous dire que la paresse est une vertu cardinale ! En vous chassant du Paradis terrestre, j'ai grogné comme je savais si bien le faire à l'époque Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. Quel sens de la formule ! Je ne peux pas revenir là-dessus. Mais il y a parmi vous, tout un tas d'humains qui souhaitent ne pas se conformer à ce décret pourtant simple. Les traîne-savate qui auraient pourtant intérêt à se mettre au boulot pour gagner de quoi vivre, et ceux qui sont nés riches et n'ont pour seul souci que de savoir comment dépenser l'argent qui entre dans leurs coffres sans même qu'ils sachent comment. Ces derniers, eux, n'ont aucun intérêt à travailler, je le comprends tout à fait. Leur fortune, bien placée dans les paradis fiscaux, prospère d'elle-même. Ils ne connaissent pas la faim, évidemment, pas le manque non plus, et leurs moindres désirs sont satisfaits avant même qu'ils les aient exprimés. Comment leur en vouloir? et puis, ils sont peu nombreux, un ou deux pourcents de la population mondiale, une broutille ! Ils possèdent quatre vingts pour cent de la richesse, pourquoi travailleraient-ils, je vous le demande. Mais les autres, ceux qui sont pauvres, démunis, qui nourrissent mal leurs enfants et se consolent dans le mauvais vin, pourquoi sont-ils si paresseux ? Au temps béni de ma splendeur, ils se faisaient houspiller, le dimanche, à la messe, une petite secousse hebdomadaire qui suffisait à les remettre sur la bonne voie: j'avais créé le monde en six jours, record imbattable ! les hommes, mes créatures, n'avaient rien d'autre à faire que m'imiter, pas en six jours, bien sûr, une vie d'homme n'y suffisait pas, les enfants héritaient naturellement de la dette et tout marchait pour le mieux. Mais l'erreur que j'ai commise et pour laquelle je vous demande pardon, c'est de vous avoir dotés de raison. Là, comme ailleurs, cette qualité a fait des ravages : vous vous êtes mis à réfléchir ! Les yeux grands ouverts, vous avez constaté les injustices et je vous ai entendus penser très fort : il a bossé pendant six jours, OK. Et ça n'a pas été de tout repos, bien sûr. Mais depuis, il fait quoi au juste, à part nous regarder nous échiner ?... Ah, mes chers petits, vous n'avez pas tort. Depuis ce temps reculé, je récupère. Pas seulement le septième jour, mais tous les jours, avec de temps en temps une interruption de ma sieste pour vous punir de ceci ou de cela, mais franchement, j'avoue. J'avoue que je suis un mauvais exemple pour mes enfants. Mais vous n'êtes pas obligés de le suivre, cet exemple ! d'ailleurs, pendant des millénaires, vous avez suivi mes paroles, pas mes actes, et puis vous vous êtes mis à invoquer mon prétendu amour pour les plus petits d'entre vous et vous avez inventé toute sorte d'allocations qui vous permettent de rester au chaud au lieu d'aller vous peler dans les usines. Je me repose, certes, mais ce n'est pas moi qui ai inventé le RSA ! et j'entends dire que vous concoctez un revenu universel... je n'en crois pas Mes Divines Oreilles ! Seule consolation, ce revenu irait aussi aux fameux deux pour cent. C'est un revenu universel ou non ?
Mes pauvres enfants, vous travaillez à votre perte. Même si je vous demande pardon pour vous avoir montré le mauvais exemple, il m'est impossible de revenir sur Ma Parole. Un Dieu ne se dédit pas, c'est la base. Alors, toute honte bue, je vais continuer de vous condamner à suer à grosses gouttes ou à mourir de faim. Et quand votre paresse vous aura fait mourir, eh bien, vous n'en aurez pas fini . Au lieu de trouver en mon Paradis une consolation, vous irez en enfer ! Mon royaume, à l'égal de vos pays, est un Etat de Droit, bordel de Moi-Même !