Le chômage de masse est un drame absolu, chacun le sait. Il détruit les familles, il met les gens dans la rue, il mine la société tout entière qui développe des réponses populistes, racistes, égoïstes, en un mot, inquiétantes, genre "il faudrait une bonne guerre"...
Et on nous bassine avec les bons résultats de l'Allemagne ou de l'Angleterre dont le taux de chômage est bien plus bas que celui de la France. Et on guette chaque mois les frémissement de la fameuse courbe... vous connaissez cela aussi bien que moi.
Mais mon attention a été attirée la semaine dernière sur deux aspects intéressants:
Pôle emploi dénombre 6 millions de demandeurs d'emploi, mais l'INSEE ne compte "que" moins de 5 millions de chômeurs. Comment cela se fait-il ? C'est que les personnes qui travaillent à temps partiel s'inscrivent à Pôle Emploi dans l'espoir de trouver un travail à temps plein. Normal, puisque depuis la fusion avec les ASSEDIC, c'est le même organisme qui gère aussi l'accompagnement des gens dans leur recherche d'emploi !
Pour ce qui est de la comparaison avec les autres pays européens, il faut savoir que le comptage se fait sur d'autres bases : on ne pose aux demandeurs que trois questions très simples: avez-vous travaillé durant la période considérée, ne serait-ce qu'un jour ? avez-vous touché une indemnité chômage ? avez-vos refusé un emploi dans la période ? grâce à cette façon de faire, on obtient un taux de chômage très bas, parce qu'il y a les minijobs, et les contrats 0 heures.
En France, personne n'a osé proposer le recours à des emploi à 1euro de l'heure, encore moins aux contrats zéro heures (c'est à dire que l'employeur peut à tout moment vous appeler pour une mission de quelques heures payées au lance-pierre et si vous refusez, vous êtes rayé de la liste !) Bien sûr, ça en fait rêver certains. Mais je me demande comment les entrepreneurs pourront se déshabituer de ce confort si moderne.
Une dernière information: le nombre d'heures travaillées en Allemagne n'a pas augmenté depuis près de vingt ans, alors que la production a augmenté et que le nombre de travailleurs recensés aussi. Cherchez l'erreur !
Si vous voulez approfondir cette réflexion, reportez-vous au livre de Olivier Rey, chercheur au CNRS, professeur à Polytechnique et à la Sorbonne : son titre "Quand le monde s'est fait nombre" c'est un ouvrage édifiant !