J'ai vu hier le film de Gianfranco Rosi : "Fuocoammare" (il y a le feu à la mer, chanson populaire italienne écoutée en boucle par un animateur de radio) Drôle de titre. Quand un Helvète dit "y a pas l'feu au lac", ça signifie qu'il n'y a aucune urgence, n'est-ce pas ?
Ce film documentaire est un chef d'oeuvre. Il a d'ailleurs été salué comme tel au dernier festival de Berlin où il a reçu la plus haute récompense, l'ours d'or. L'auteur ne fait aucun commentaire, il se contente de suivre en parallèle un enfant aux prises avec son mal de mer, son oeil paresseux les oiseaux qu'il tue au lance-pierre et les équipes de sauveteurs dans le cadre de l'opération "Mare Nostrum"
En parallèle parce que depuis que l'Europe finance les opérations, les habitants de l'île de Lampedusa ne voient plus rien du malheur quotidien. Pris en charge au large par des hommes en combinaison blanche, masqués et casqués, les survivants et les morts sont acheminés dans des camps retranchés, isolés, invisibles. On a parfois l'impression de voir un film de science fiction. Mais tout cela est conduit avec une extrême pudeur et beaucoup de respect. Une belle leçon d'humanité.
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser durant tout le film, à l'expression "appel d'air". Si on accueille les victimes, on va créer un "appel d"air" ... je vous invite tous à voir à quoi ressemble un appel d'air. Ça vaut la peine.