Pleurer est inutile.
Elle pleure pourtant,
De chagrin,
De rage,
De honte.
Elle se voit, jeune femme chassée par la guerre
Et portant dans ses bras son enfant de six mois,
Harassée, épuisée,
L'espoir au coeur, la peur au ventre,
Stupide, devant des barbelés.
Pas une héroïne de roman,
Une femme, une mère simplement,,
A qui l'on dénie le droit de vivre:
Que n'es-tu morte noyée !
Ce qu'on fait de vous, hommes, femmes...
Ce que fait l'Homme à l'Humain
La submerge.
L'autre, son dissemblable,
L'autre, son inférieur,
L'autre son ennemi, puisqu'il est autre,
L'autre restera derrière les barbelés.
Il y a deux-mille ans,
Une vierge errante accouchait,
Abandonnée dans une étable.
Aucune main secourable, déjà.
La Religion de l'Amour est là,
Née d'un oxymore,
Prétexte à toutes les cruautés.
Pleurer ne sert à rien,
Aimer la paix ne suffit pas.
Que prient ceux qui le peuvent !
Et prospèrent les vautours sur le cadavre des colombes.