Comme toujours, j'ai vu beaucoup de spectacles, quelques uns dans dans le off et de très nombreux dans le inn. Je ne vais pas les commenter tous, ce serait un peu fastidieux, surtout pour ceux qui ne fréquentent pas le festival.
La plus importante découverte pour moi a été Krystian Lupa, le Polonais, qui présentait "Des Arbres à Abattre" de Thomas Bernard. C'est la première fois qu'il venait à Avignon et je ne l'avais jamais vu à Paris. Rencontrer ainsi un très grand bonhomme est toujours un événement: la finesse de l'analyse, le jeu subtil des acteurs, l'efficacité de la scénographie, et la distance (apparente) avec le tragique font que le spectateur garde toujours son esprit critique. Le rêve de Brecht réalisé !
Seconde découverte, venue d'Estonie, cette fois: "Ma Femme m'a Fait une Scène et a effacé toutes nos Photos de Vacances" Très drôle, même si on comprend que cette histoire n'est pas drôle du tout... l'entreprise totalement dingue de faire rejouer par des inconnus les situations qu'avaient captées les photos perdues. Ce serait du Sophie Calle ironique et déjanté. Là encore du grand art qui fait réfléchir.
Et puis un étonnement réconfortant: tous les jours, à midi, dans les jardins de la médiathèque Ceccano, lecture/spectacle de "La République" de Platon, traduite par Alain Badiou. Imaginez ce moment de midi, un juillet caniculaire, ( frôlant les 40°) des spectateurs TRES nombreux, écoutant la dispute entre Socrate et ses contradicteurs ! Tous les jours, au moins 200 personnes curieuses, cherchant l'ombre jusque dans les branches des oliviers et suivant les joutes oratoires mises en scène à minima par Valérie Dréville, Didier Galas, Grégoire Ingold. Voir cela m'a beaucoup émue et redonné un peu confiance dans notre Peuple Français mis à mal ces temps derniers et tellement fourvoyé parfois dans des idéologies puantes ...