Il y a des matins où l'on se sent malheureuse, démunie, impuissante. C'était le cas au lendemain des attentats meurtriers de janvier. Deuil national, marche silencieuse, émotion partagée. Une foule immense qui pleure et s'indigne, on se sentait soutenue, on était tous solidaires.
Aujourd'hui, c'est un chagrin privé qui m'assaille, à la fois attendu et redouté, refoulé autant qu'il était possible, même si on savait depuis plusieurs mois que l'issue ne pouvait être que la mort. Ce matin, oui, il faut accepter l'injustice, le verdict aveugle qui désigne celle qui partira et préserve les autres. Certains appellent cela le doigt de Dieu. Mais le ciel est vide, et le malheur n'a ni doigt ni coeur, il frappe et l'on reste pétrifiée, avec le coeur gros et la tête vide.
Partir, il faut partir...