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Des écrits poétiques et littéraires agrémentés de photos ou de tableaux et aquarelles... le monde sensible transfiguré par les mots et les couleurs.

Les Nibelungen - la jeunesse de Siegfried -

Publié le 4 Novembre 2014 par Nicole Fack in Récit

Le roi Nibelung et le roi Schilbung (suite)

Alors, tous deus se présentèrent. L'un était le roi Nibelung et l'autre, le roi Schilbung.

-Il faut nous aider à partager ce trésor, dirent-ils, nous nous méfions l'un de l'autre: il me trompe et je le trompe. Quand on est deux, trouver la vérité est difficile. La vérité n'émerge que si on est trois.

-Voilà qui est nouveau pour moi, dit Siegfried.

-C'est pourtant ancien, dirent les deux, fais-nous plaisir, partage ce trésor. Et le premier roi dit : et que ni l'un ni l'autre n'ait un grain de plus ! et l'autre ajouta: que personne n'ait un grain de moins !

-De plus non plus, dit le premier.

-De moins pas davantage, dit l'autre. Tandis qu'ainsi ils disaient et contredisaient, l'armée des encapuchonnés se tenait toujours muette au pied de la falaise. Siegfried dit:

-Je vous aiderai volontiers, mais dites-moi d'abord qui sont ces hommes.

-L'armée des Nibelunen, répondirent-ils, nous leur avons arraché la langue afin qu'ils ne puissent dire où se trouve notre trésor.

-Allez-vous m'arracher aussi la langue? demanda Siegfried.

-Nous ne le savons pas encore, dit le premier.

-Je suis pour, dit le deuxième.

-Je suis contre, dit le premier.

-Je suis pour.

-Je suis contre. Tout ça était si comique que Siegfried éclata de rire à nouveau. Pout tout dire, il n'était pas sûr de ne pas rêver. Les rêves portent leurs propres frayeurs. Ce qui étonne le jour, nous en rions en rêve, ce qui nous fait peur en rêve, nous rend perplexes le jour. Mais Siegfried riait: Qu'est-ce que j'y gagne à vous aider? est-ce que vous me donnerez quelque chose?

-Une récompense, dit l'un.

-Une épée, dit l'autre.

-Une épée qui porte un nom, dit l'un.

-Une épée nommée Balmung, dit l'autre.

-Si ça ne vous ennuie pas, je voudrais ma récompense tout de suite, dit Siegfried. Cela leur convint. Ils lui tendirent l'épée. Siegfried vérifia qu'il l'avait bien en main, qu'elle était d'un maniement aisé, puis il commença: une pièce d'or d'un côté, une pièce d'or de l'autre, une deuxième d'un côté, une deuxième de l'autre... et ainsi de suite. Les rois l'exhortaient, impatients: c'est insensé, ça va durer l'éternité et trois jours!

-Je ne dispose pas de tout ce temps, dit Siegfried, le foyer du forgeron va s'éteindre.

-Prends ton épée, et donne-lui un ordre, dirent les rois. Cette épée obéit à son propriétaire, elle va partager le trésor. Siegfried tendit son épée et dit: Balmung, écoute-moi, partage ce trésor en deux parties égales. Il n'eut pas le temps de dire ouf: L'épée s'engagea dans le tas d'or, balaya à droite, poussa à gauche et comme en rêve, il y eut bientôt deux tas. L'épée avait partagé le trésor. Le roi Nibelung prit son mètre ruban et mesura son tas.

-Combien ?

-Beaucoup.

-C'est trop ! et, en effet, le tas du rois Schilbung était un peu plus haut.

-Il nous a trompés, il t'a donné plus qu'à moi ! tonna le roi Nibelung. Et ils recommencèrent à se disputer.

-Mais non, intervint Siegfried, c'est le fourreau de Balmung qui est restée sous le tas du roi Schilbung. Il retira le fourreau et les deux tas se retrouvèrent absolument égaux.

-Bon, je peux m'en aller, maintenant? demanda-t-il, et allez-vous enfin me dire où se trouve le charbonnier? J'ai une mission à accomplir, moi, il me faut du charbon pour la forge de Mime, comprenez-vous? je n'ai perdu que trop temps. On m'attend, je ne voudrais pas que Mime me tienne pour un irresponsable.

-Non, dirent les rois, d'accords pour une fois, nous ne t'arracherons pas la langue comme aux hommes de notre armée.

-Je vous en suis très reconnaissant, dit Siegfried en riant.

-Nous préférons te tuer. Et ils lui tombèrent dessus. Ils l'auraient peut-être tué, qui sait? mais Siegfried tenait toujours son épée Balmung. Il commanda: Balmung, tue-les!

Deux coups suffirent et les deux comiques furent décapités. Quant à l'armée des Nibelungen, elle était toujours au pied de la falaise et ne bougeait pas.

Les Nibelungen - la jeunesse de Siegfried -
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