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Des écrits poétiques et littéraires agrémentés de photos ou de tableaux et aquarelles... le monde sensible transfiguré par les mots et les couleurs.

Les Nibelungen A la Cour de Worms

Publié le 8 Octobre 2014 par Nicole Fack in Récit

Gunther, Gernot, Giselher

Il était une fois, il y a huit cents ans... mais ce n'est pas important de savoir quand c'était. C'était. Voilà tout. Les Tziganes commencent ainsi leurs histoires: c'était parce que c'était; bon début !...

A la cour de Worms, au pays des Burgondes, régnaient le roi Dankwart et son épouse Ute. Ils avaient trois fils: Gunther, Giselher et Gernot, et une fille Kriemhild. Le roi considérait l'exercice du gouvernement comme une chose ennuyeuse, il ne changea jamais d'avis. Il transmit cette conception à ses fils. Il avait l'habitude de dire: ce n'est que lorsqu'il ne se passe rien, qu'on peut dire ensuite, il ne s'est rien passé.

Quand le roi Dankwart mourut, les affaires du royaume échouèrent à Gernot, Giselher et Gunther. Ils régnaient tous trois, se partageant les tâches, mais ne faisaient pas grand chose car ils pensaient que lorsqu'on ne fait rien, il ne se passe rien. C'est ainsi qu'ils interprétaient les préceptes de leur père. On voit qu'ils n'avaient pas tout à fait compris.

Gunther, l'aîné, était un hésitant. Il lui était très difficile de prendre une décision; mais à eux trois, les frères trouvaient toujours des formules irréprochables et qui ne disaient rien du tout.

C'est Gunther qui avait proposé à ses frères de partager avec lui le pouvoir. Il n'était pas ambitieux et encore moins vaniteux. Il se voulait ​primus inter pares, premier parmi ses semblables, mais n'accordait que peu d'importance au premier rôle. "Soyons attentifs à ce qu'il ne se passe rien." concluait-il après chaque conseil. Pour ses frères, partager le gouvernement était, bien sûr, un honneur. Être rois, pourquoi pas ? mais eux non plus n'avaient pas d'ambition, le pouvoir n'avait guère de sens pour eux. Ils en parlaient parfois:

-Qu'est-ce que le pouvoir? disait Giselher.

-Difficile à définir, répondait Gernot. Puis ils hochaient la tête longuement, haussaient les sourcils d'un air entendu. Leurs espoirs, leurs promesses tenaient en ces mots: il ne se passera rien.

Pour la noblesse, à la cour des Burgondes, ce triumvirat dirigeant était une catastrophe, que ce soit en politique, dans les affaires ou dans le domaine de l'esprit. Mais pas question de se soulever, de se révolter. Nous parlons-là d'un monde en ordre, où chaque chose occupait la place qui lui avait été assignée dès la Création. Toute chose avait une place et tout humain de même. Ce que quelqu'un était, il l'était. Il y avait les suzerains et les vassaux. Les premiers régnaient, les seconds étaient honorés d'obéir.

Mais un roi a des devoirs, des obligations. Avant tout, il doit veiller à ce que les hommes puissent accomplir leur tâche en toute sécurité. "Il ne se passera rien..." Le peuple burgonde se faisait du souci: un roi faible met en danger la sécurité, qu'ils soient trois n'y changeait rien: trois fois zéro font zéro; même les plus ignares le savaient.

Les Nibelungen A la Cour de Worms
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