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Des écrits poétiques et littéraires agrémentés de photos ou de tableaux et aquarelles... le monde sensible transfiguré par les mots et les couleurs.

LES NIBELUNGEN

Publié le 15 Octobre 2014 par Nicole Fack in Récit

LE VOEU DE KRIEMHILD

Un jour, Kriemhild fit un rêve: un faucon arrivé par les airs se posait sur le bord de sa fenêtre. Il la regardait à travers la vitre et quand elle ouvrit, il ne s'envola pas, il restait totalement confiant. elle tendit la main et l'oiseau s'y posa. du bout des doigts, elle le caressait, elle le tenait à l'oeil et lui aussi, la tenait à l'oeil. Voilà son rêve.

Mais ce rêve se poursuivit. Une ombre, tout à coup s'étendit sur eux; celle d'un aigle grand, puissant, noir accompagné d'un autre gris et plus petit. Les ailes du premier avaient une envergure conséquente, les ailes du second étaient fatiguées et ternes. Le grand aigle, rêva-t-elle, poussa un cri et se jeta sur le faucon qu'elle aimait, le déchiquetant de son bec dur et courbé. Le petit aigle, à son tour, fondit sur son oiseau et tous deux, ils le tuèrent, l'oiseau qu'elle aimait. c'était là rêve de Kriemhild.

Le lendemain, elle recompta son rêve à sa mère Ute.

-Donne-moi vingt quatre heures pour interpréter ce rêve, dit celle-ci. (Elle s'y entendait dans l'interprétation des rêves.) Il est long, il faut que je l'assimile, ensuite je pourrai te dire ce qu'il signifie.

Le lendemain, elle dit: "tu rencontreras un homme que tu aimeras profondément: il deviendra ton époux et vous serez très heureux. Mais ce bonheur sera de courte durée, car il te sera ravi et ton malheur durera jusqu'à la fin de tes jours."

-C'est ce que signifie mon rêve? demanda Kriemhild.

-C'est ce que signifie ton rêve, dit la reine Ute.

-Très bien, dit Kriemhild, s'il faut payer par un malheur infini un bonheur de courte durée, je préfère renoncer aux deux. De toute ma vie je ne me marierai. Elle se faisait ce serment à elle-même: ne jamais se marier, ne jamais appartenir à un homme, puis elle informa la cour de sa décision. Naturellement, les frères accourus tentèrent de la faire changer d'avis, Gunther le premier:

-Tu sais ma soeur, que je ne suis pas capable de conduire le royaume. Mes frères et moi comptions sur ton mari pour nous soulager de ce fardeau !

-Tant que Hagen est en vie, il ne se passera rien, répondit Kriemhild. Elle se retira dans la chambre la plus haute de la plus haute tour, se fit apporter un rouet et un petit métier à tisser et passa ses jours à travailler. Toutefois, elle fit percer une petite fenêtre dans le mur qui donnait sur la cour d'honneur du château, car les prétendants à la main de Kriemhild ne cessaient d'affluer. Elle se voulait certes fidèle à ses voeux, mais il n'y avait rien de mal , pensait-elle, à voir de là-haut de quoi il retournait. La plupart du temps, elle ne jetait qu'un bref regard à tout nouveau prétendant puis disait à sa servante: "Non, pas de regrets!."

Un jour arriva un nouveau prétendant, pas seul, des chevaliers l'accompagnaient; tous gorgés de leur importance. Un fils de roi néerlandais était arrivé qui voulait demander la main de la belle. Un prince avec une suite de douze hommes juchés sur des chevaux richement caparaçonnés et vêtus d'armure rutilantes. Kriemhild, à sa fenêtre, jeta un regard et découvrit ce fils de roi. Il descendit de cheval, ses cheveux blonds ondulaient sur ses épaules. Il tourna son regard vers le ciel. Il ne pouvait pas voir Kriemhild, mais elle, elle le vit: ses yeux étaient bleus. Alors, elle s'attarda à sa fenêtre. Sa suivante demanda:

-Un si long regard était-il justifié, Majesté? Kriemhild ne répondit pas mais l'envoya s'enquérir du nom de cet homme. La servante revint avec le nom: c'était Siegfried von Xanten. Alors, Kriemhild s'attarda encore plus longuement à sa fenêtre. Elle ne pouvait détacher son regard de ce Siegfried venu de Xanten aux Pays Bas...

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