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nicolavignon.over-blog.com

Des écrits poétiques et littéraires agrémentés de photos ou de tableaux et aquarelles... le monde sensible transfiguré par les mots et les couleurs.

Le tiroir à photos (10)

Publié le 30 Août 2014 par Nicole Fack in Récit

LES ÉCOLIERS

Les photos d'école nous mettaient en joie. tous ces enfants alignés sur des bancs, assis, debout, voire à genoux, et qui ne respiraient pas la joie de vivre, nous faisaient rire. La photo couleur étant encore peu répandue, il semblaient tous vêtus de noir ou de gris. Les plus anciennes de ces images remontaient à la guerre: les deux aînés, ma soeur et mon frère, posaient avec leurs camarades dans des cours d'écoles exotiques que nous, les petits, nous n'avons jamais connues. Sur le côté, appartenant au groupe mais s'en détachant tout de même, le maître ou la maîtresse d'école fixait l'objectif, pas beaucoup plus à l'aise que la studieuse marmaille.

Face à une photo de groupe, on est toujours perplexe. Tous ces visages qui vous fixent, énigmatiques, semblent narguer votre sagacité: ils dissimulent en leur sein une tête connue que vous ne reconnaissez pas... ça vous stimule, ça vous énerve un peu; parfois on donne sa langue au chat, tant les années ont transformé les visages. D'autres fois, c'est le regard qui, par delà les années, a gardé son intensité propre et permet une identification certaine.

Le plus drôle de ces clichés, c'est celui de ma classe de CP. Ma maîtresse, madame Juif, portait un manteau à col d'astrakan, une mise en plis impeccable, et ses quarante cinq élèves se tenaient bien serrées les unes contre les autres. Moi qui suis petite (ça n'a pas changé) je me tiens au premier rang, bras croisés, ruban de satin dans les cheveux, petits pieds croisés sous le banc, le regard droit, la bouche bizarrement pincée en une drôle de grimace. Je me rappelle ce jour comme-si c'était hier: à cette époque, j'étais très envieuse des fossettes qui ornaient les joues de ma meilleure amie et je m'efforçais de placer ma bouche de façon à faire apparaître des fossettes dans mes joues. Faisant des efforts méritoires sans contrôler devant un miroir, j'ignorais que lesdits efforts me donnaient un air rogue, très éloigné du sourire charmant recherché. C'est cette photo de classe qui me révéla mon erreur et c'est grâce à elle que je cessai immédiatement de vouloir ressembler à autre chose qu'à moi-même.

Etonnant comme toutes ces photos se ressemblent. J'ai vraiment cru que c'était une des miennes ! merci aux prêteurs malgré eux...
Etonnant comme toutes ces photos se ressemblent. J'ai vraiment cru que c'était une des miennes ! merci aux prêteurs malgré eux...

Etonnant comme toutes ces photos se ressemblent. J'ai vraiment cru que c'était une des miennes ! merci aux prêteurs malgré eux...

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