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Des écrits poétiques et littéraires agrémentés de photos ou de tableaux et aquarelles... le monde sensible transfiguré par les mots et les couleurs.

Ah, mon père ! ... le feuilleton se poursuit

Publié le 22 Février 2014 par Nicole Fack

Leur ancien patron s'appelait Hugo, mais ses potes, avec une grande finesse, l'appelaient Victor. A ma connaissance, il n'avait plus rien tenté contre Mado, sans doute s'intéressait-il à d'autres nanas. Mais il me regardait de travers en raison de la défection de ses "lieutenants". Un jour, il me coinça contre un mur comme je sortais de chez moi pour me rendre au lycée.

-Tu te crois malin, l'abbé, parce que les lâches ont pris parti contre moi; mais méfie-toi: je sais des choses sur toi et ta famille, grâce à cette pute de Mado. Si jamais j'apprends que tu dégoises su mon compte, je balance tout, tu entends ? J'entendais. Je répondis que ce n'était pas mon genre de "dégoiser" sur qui que ce soit et qu'au lieu de penser à ma famille, il ferait mieux de s'occuper de la sienne.

-Tu as pensé au chagrin de ta mère le jour où elle devra te porter des oranges en prison? Laisse tomber tout ça avant qu'il soit trop tard, lui dis-je, tu sais très exactement comment ça finit. Il n'y a pas d'exception, du moins pas à ton petit niveau, penses-y ! et ne prends pas cet air ahuri, il n'y a que ta mère pour ne pas savoir avec quel argent tu te nippes. Mais puisque tu me menaces, je vais te dire une bonne chose: débrouille-toi pour que mes frères arrêtent de faire le guet pour tes sales combines, moi non plus, je ne veux pas que ma mère pleure, c'est entendu? Il était scotché, le Victor. Décidément, je ne manquais ni d'aplomb, ni de répartie. Il s'écarta et grommela: t'es vraiment trop con, l'abbé. Et il fit demi-tour. En marchant, mains dans les poches, je me demandais ce que Madfo avait bien pu lui raconter sur ma famille. Son expression "je balance tout" évoquait quelque chose d'illicite, c'est à dire, mes imbéciles de petits frères. Si c'était ça, j'avais fait mouche en lui demandant de les laisser tranquilles. Néanmoins, j'étais tracassé, je me demandais s'il ne s'agissait pas de mon père. Là, j'étais désarmé, parce qu'il ne s'agissait pas de moi seulement, il en allait aussi de l'honneur de ma mère. Serais-je assez costaud pour défendre sa réputation? En même temps, d'après Mado, tout le monde savait, alors le Hugo, il ferait flop avec ses révélations... tout ça, me disais-je, ce sont des histoires d'hommes et seul un homme pourrait me conseiller. Malheureusement, je n'avais pas de père à qui demander conseil. Chienne de vie !

Ah, mon père !  ... le feuilleton se poursuit
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