Et puis un jour, elle se mit à réclamer un grand frère. Éclat de rire, évidemment. J'ignore la raison profonde de cette revendication ; le grand frère offre l'avantage certain de rompre la solitude et le dialogue exclusif avec les parents tout en préservant la place privilégiée de "petit". Je doute toutefois qu'un tel raisonnement l'ait effleurée.
Un grand frère, c'est impossible. Techniquement, seul un petit frère pourrait s'envisager... Il faudrait y réfléchir. Nous sortions meurtris d'une zone de turbulence, nous n'étions pas prêts à prendre le risque immédiatement... et puis, l'idée fit son chemin dans sa tête et dans celle des parents. Elle qui voulait être grande voyait là l'occasion de s'affirmer comme telle. Moi, je perdais mes réticences : une seconde grossesse, pourquoi pas ? surtout si après la fille, venait le garçon. Et c'est ainsi que vint au monde, pour son cinquième anniversaire, ce petit frère qui fut son joujou, son complice et son rival, bien sûr.