Billie, c'est bien sûr, Billie Holiday, chanteuse hors pair, et femme d'exception. Ce biopic atypique démarre avec la mort (sans doute pas accidentelle) de Linda Lipnack Kuehl, jeune journaliste qui avait entrepris des recherches pour une biographie de la chanteuse. Du coup, l'intérêt se porte sur la chanteuse, bien sûr, mais sous l'angle de la haine qu'elle a engendrée dans les milieux racistes américains. Née en 1915, morte à 44 ans en 1959, Billie, enfant violée, macrelle elle-même à 13 ans, prostituée pour manger, droguée pour tenir, chanteuse de génie dans un monde qui ne supportait pas l'idée même d'un génie "nègre", Billie dérangeait. Comment les blancs du pouvoir ségrégationniste et les blancs pauvres auraient-ils supporté une noire talentueuse, roulant en Cadillac, portant des visons et des diamants ? Mais, en tournée, elle devait entrer dans les théâtres par la porte de service et dormir dans le bus parce que, noire, elle n'était pas admise dans les hôtels. Le film ne comporte que des images d'époque, mais, hélas, on ne peut s'empêcher de superposer les images actuelles. La haine des noirs reste profondément ancrée dans la société américaine et les "strange fruits" ne peuvent toujours pas respirer !
Mais on passe presque deux heures à entendre ses chansons formidables. Alors, ne boudez pas votre plaisir !