Malgré la canicule, c'est toujours le bonheur de commencer le festival. Et d'en tenir ici la chronique forcément lacunaire et terriblement subjective.
D'abord, dans une toute petite salle de La Condition des Soies, vu une performance formidable de Martine Fontaine, comédienne généreuse qui a plusieurs cordes à son arc : 50 ans, ma Nouvelle Adolescence. Profond et drôle à la fois, un moment de joie.
Ensuite, à la Maison de la Poésie, Kapoustnik, esquisses théâtrales biélorusses. Des jeunes filles dénudées et un garçon équivoque. Ils savent chanter, c'est sûr. Mais le spectacle est parfaitement indigent. Il se contente de reprendre des airs connus tirés surtout du film "Cabaret", mais aussi de "Chicago" et d'autres... aligner les chansons, même en tenue suggestive, ne suffit pas à faire un vrai spectacle, surtout à la Maison de la Poésie !...
Et pour finir (pour l'instant) Sous d'autres Cieux, une Enéide mise en scène par Maëlle Poesy au cloître des Carmes. Cette odyssée moins connue que l'autre, sans doute parce qu'elle raconte l'errance d'un vaincu, entre en résonance avec ce que nous vivons tous les jours: pour Enée qui porte son père sur son dos et son enfant dans ses bras, nulle part où accoster; et quand Didon, reine de Carthage, l'accueille et l'aime, c'est le peuple qui les condamne. L'Enéide, c'est le récit d'un échec : l'humanité a failli en Méditerranée, il y a trois mille ans, elle ne fait rien d'autre aujourd'hui. La mise en scène est très belle, fluide et lisible, sans excès d'artifices; il s'y mêle une partie dansée avec beaucoup d'énergie. Les comédiens sont très bons, émouvants et pudiques, avec la pointe d'humour qu'il faut.
Globalement, un bon début, non ?