J'adore la langue de Maeterlinck, ses éclipses, ses béances, son mystère. J'attendais donc beaucoup de ce spectacle et beaucoup de spectateurs l'ont aimé.
La scénographie consiste en une sorte de coupe d'une maison à l'aspect hi-tech, qui est censée être le château. Bon. Pourquoi pas ? Cependant, il est dit et répété que ce château est sombre, froid, cerné de toute part par une forêt menaçante dans laquelle de meuvent des pauvres affamés. Une partie du dispositif avance et recule, mais on ne sait pas vraiment pourquoi. La première scène est filmée, comme un vrai film. Bon. la marche vers la grotte aussi. Bon. En fait, tout ça fait moderne, mais si on creuse un peu, cela ne répond à aucune nécessité.
Mais le plus grave est ailleurs : d'abord, les acteurs ne sont pas très bien dirigés. Ainsi le père qui est censé être aveugle - et c'est un problème d'avoir à la tête d'un royaume un homme qui n'est pas clairvoyant - ici, il voit; et du coup, certaines scènes sont des contre-sens. Mélisande accouche sans avoir jamais été enceinte. Du coup, on ne comprend pas que Gollo ait un doute sur sa paternité. On occulte le fait qu'elle refuse d'être touchée et les questions que cela pose...
Je pourrais dérouler encore longtemps les nombreux contre-sens commis par la menteuse en scène. Dommage. Reste que j'ai quand-même eu plaisir à entendre le texte.