"Menocchio" est un film italien d'une rare beauté plastique. Ses auteurs nous font pénétrer dans la réalité du XVIII ème siècle qui ne connaissait que l'éclairage par la flamme d'une chandelle ou d'un flambeau. De ce fait chacune de ses images ressemble à un Rembrandt, d'autan plus qu'on prend le temps, comme devant un tableau, de s'accoutumer à cet univers sombre et de fouiller les ténèbres.
Et les ténèbres, justement, le disputent à la lumière également sur le plan des idées. Dans ce village éloigné des centres du pouvoir, un homme simple, meunier de son état, ne cache pas ses idées raisonnables : puisque Dieu a tout créé, il est partout. Aussi bien dans les arbres, les animaux que dans le coeur des Hommes. La médiation de l'Eglise est donc inutile.
Voilà qui dérangeait fortement la puissante institution : enfermement, torture, exigence de renonciation n'y feront rien. Menocchio est un homme simple, mais rationnel. Il en mourra.
Cela fait penser à bien des chasses aux sorcières d'aujourd'hui entre religions, à l'intérieur des religions, et même dans les domaines apparemment laïcs où règne la dictature du politiquement correct. !...