LA PUCE QUE JOSIANE N'AVAIT PAS.... Josiane avait une puce, une puce qu'elle n'avait...

LA PUCE QUE JOSIANE N'AVAIT PAS....

Josiane avait une puce, une puce qu'elle n'avait pas.

Personne ne savait qu'elle avait cette puce, cette puce qu'elle n'avait pas. Le soir, dans son lit, Josiane offrait ses tendres cuisses à sa puce, sa puce qu'elle n'avait pas. Et le matin, au réveil, elle cherchait les morsures de la puce, de la puce qu'elle n'avait pas. Souvent, quand elle se promenait, elle craignait de perdre cette puce, cette puce qu'elle n'avait pas. 

Le plus compliqué, c'était de prendre son bain, sans noyer sa puce, sa puce qu'elle n'avait pas. Elle lui conseillait de s'installer sur le rebord du porte-savon, mais la puce, trouvant sans doute le lieu glissant, préférait la brosse à cheveux. Cela inquiétait Josiane car, dans la brosse à cheveux, séjournaient les poux; les poux que son petit frère avait, lui, et qui menaient une sacrée sarabande dans la jungle des piquants noirs. La puce que Josiane n'avait pas risquait une mauvaise rencontre, voire une mésalliance, qui sait ? Alors, Josiane se hâtait de sortir du bain et de récupérer sa puce, la puce qu'elle n'avait pas, lui offrant son ventre tout rose et tout chaud.

Et puis un jour, Josiane eut quatorze ans et sa mère lui fit un magnifique cadeau :  un téléphone portable, avec toutes les applis rêvées, comme en avaient les copines depuis plusieurs années déjà. Ce jour-là, elle perdit pour toujours sa puce, la puce qu'elle n'avait pas. Elle se prit d'une grande affection pour la puce de son téléphone; elle la trimballait partout, mais plus jamais elle n'eut peur pour elle quand elle la posait près de la brosse à cheveux. D'ailleurs, les poux de son frère étaient morts depuis longtemps sous les coups des insecticides qui ne tuaient pas les puces, les puces que Josiane n'avait pas...