Le premier a déjà disparu de notre affiche locale, mais je voudrais tout de même le mentionner. Il s'agit de AVANT L'AURORE de Nathan Nicholovitch. Etrange et envoûtant, il suit un vieux travesti qui dérive dans un Phnom Penh misérable qui tente de s'accommoder de sa mémoire meurtrie et de survivre grâce aux trafics divers et variés. Pas militant, pas misérabiliste, juste un regard bienveillant sur un monde de désarroi s'appuyant sur une forme épurée.
Le deuxième a enthousiasmé beaucoup de spectateurs déjà : LA SAVEUR DES RAMENde Eric Khoo est un très joli récit de blessures d'amour, à travers la transmission de recettes extrêmement bien filmées. Entre la Chine de Singapour et le Japon, entre les blessures de la guerre et les rencontres actuelles, la transmission reste la grande affaire. Elle peut réunir au séparer, mais elle peut aussi permettre de dépasser la douleur. Très beau film à voir avec le ventre plein, parce qu'il fait saliver !
Le troisième, vu hier, est carrément une tragédie : CAPHARNAÜM de Nadine Labaki. Cette réalisatrice lucide avait jusqu'ici allié l'humour au drame, que ce soit dans Caramel ou dans Et Maintenant on va où ? Dans celui-ci, l'ironie un peu narquoise et charmante lui a été impossible. Il s'agit du Liban désespérant/désespéré d'aujourd'hui. Après quinze ans de guerre civile, une reconstruction chaotique et une tentative de vie partagée entre les communautés, ce pays est en première ligne face au conflit Syrien. (au Liban, une personne sur cinq est un réfugié !) Et ceux qui souffrent le plus, ce sont les faibles, c'est à dire les femmes et les enfants. Son héros, un gamin formidable d'une douzaine d'années, fait preuve de beaucoup de courage et de lucidité, mais sa situation ne peut guère s'arranger quand tout autour, les adultes ne sont eux-mêmes pas capables de faire face. Un film très bien mis en scène, généreux et lucide. A ne manquer sous aucun prétexte !