LES GARCONS SAUVAGES

Un univers onirique ou fantastique... très "mauvais genre" !

J'étais impatiente de voir ce film qui semblait prometteur. On évoquait un monde étrange, poético-fantastique, inventif, avec un questionnement sur le genre... j'avoue que j'ai été déçue : malgré la bonne volonté de l'auteur qui doit avoir baigné dans David Lynch, malgré l'implication des acteurs (trices) qui donnent beaucoup de leurs forces et de leurs émotions, je n'ai pas été vraiment touchée par ce film. 

D'abord, le propos: des garçons de bonne famille commettent un crime sauvage sur la personne de leur professeur de lettres; ils sont pris en main par un "capitaine" qui les emmène dans un voyage étrange, tenus en laisse et brimés puis lâchés sur une île où ils donnent libre cours à leurs pulsions et se transforment  à l'instar d'un docteur, avide de bijoux et de richesses. Je passe les détails pour ne pas divulgâcher auprès de ceux qui souhaitent le voir. Mais je trouve finalement ce propos un peu naïf et très sexiste: en somme, les femmes sont moins violentes que les hommes. Quelle découverte révolutionnaire !

Maintenant, la réalisation. On ne peut nier que l'univers de l'île étrange est celui d'un esprit imaginatif: les fruits poilus (seule nourriture) ressemblent à des testicules, les bourgeons d'arbres distributeurs d'un liquide blanc, font inévitablement penser à des sexes en érection éjaculant dans la bouche des garçons... je vous passe la mort du capitaine embroché de telle manière qu'il restera pour toujours en érection, lui aussi. Le noir et blanc a sans doute été choisi pour ses qualités esthétiques et louche du côté de "Eraser Haed" mais n'est pas lynch qui veut. 

En voyant cela, je pensais à ces Français qui "font" du Butô et croient qu'il ne s'agit que de trucs à copier sur Kasuo Ohno. Il leur manque l'essentiel: être habités par leur art.