le marronnier fleurit au printemps !
Cela fait des années, voire des décennies qu'on s'écharpe sur le baccalauréat à la française. Héritier d'une longue histoire, il est en principe le premier diplôme d'études supérieures, c'est pourquoi il donne automatiquement accès à l'université. Mais en fait, il sanctionne la fin des études secondaires et peut donc être considéré comme une fin en soi.
Je ne reviendrai pas sur l'histoire longue de ce diplôme, des historiens chevronnés l'ont fait brillamment, je voudrais juste évoquer ce qui s'est passé depuis les années 70. En ce temps-là, l'exemple venait du Japon. On nous disait, on nous le prouvait, même, que l'impressionnante croissance de ce pays pourtant gravement vaincu en 45, était due au fait que dans les usines, même le plus petit ouvrier était titulaire du bac. Un choc ! à l'époque, en France, on était sur une démarche de démocratisation de l'éducation, mais le bac restait un examen exigent et le nombre d'étudiants issus des milieux populaires inscrits à l'université était encore faible. Alors, on se mit à REFORMER. mot magique. Et des réformes, on en a vu, croyez-moi. Ouvrir l'éducation secondaire à tous, belle ambition. En tant qu'enseignante, j'y étais favorable, comme tout le monde. Mais en France, on a une drôle de tournure d'esprit; comme on ne veut jamais aller au bout des choses et mettre beaucoup d'argent dans une réforme ambitieuse, on a inventé une solution maligne: créer des dizaines d'options et de variantes du bac, de façon à ce que ceux dont le niveau n'aurait jamais permis d'obtenir le diplôme, l'obtiennent tout de même; car l'obligation scolaire ayant été portée à 16 ans, il fallait donner un but aux moins motivés. Quand on a créé les bacs pros, il était entendu que leurs titulaires ne pourraient pas entrer à l'université. Mais que faire? Titulaires du bac, ils y étaient déjà !
Un coup d'accélérateur a encore été donné par Chevènement lorsque, ministre de l'Education, il a fixé un objectif de 80% d'une classe d'âge au bac. Je me souviens clairement de l'effarement des correcteurs sortis de la réunion d'harmonisation dans laquelle ils avaient appris qu'il fallait "ouvrir les vannes"... Un saut se produisit, quantitatif, mais pas qualitatif. Au contraire, cette politique a tiré tout le monde vers le bas. Alors, aujourd'hui, on fait quoi ?
Je ne suis pas ministre. Mais il me semble que sans le bac, les jeunes qui ne sont pas au niveau ne se presseraient pas aux portes des universités pour la délaisser au bout de trois mois !
Qu'on me comprenne bien : je n'ai aucun goût pour l'élitisme de classe. Mais je déteste tout autant le faire semblant; et depuis toutes ces années, on fait semblant de vouloir élever le niveau d'éducation de tous, tout en favorisant les mêmes depuis toujours. Démocratie n'est pas pour moi synonyme d'hypocrisie.