Coup de maître !
Le festival est donc commencé.
J'étais hier dans la Cour d'Honneur, et non devant un écran pour voir le match. LES DAMNÉS, c'est d'abord un souvenir, celui du film incroyable de Visconti sorti en 1969, vu plusieurs fois, toujours avec le même intérêt et la même émotion.
Cette fois, Ivo van Hove, très grand metteur en scène néerlandais, s'empare du scénario comme il le fait souvent d'un roman et transpose pour la scène (et quelle scène !) ce poème tragique et intime à la fois. Ses comédiens sont ceux de la Comédie Française, autant dire le nec plus ultra ! il y a là tous les ingrédients pour une grande réussite. Pari gagné haut la main.
Le sujet: la montée du nazisme à travers une famille d'industriels de la Ruhr, travaillés eux-mêmes par la soif du pouvoir et la voracité de l'argent. Hitler est au pouvoir, les avides, les médiocres, les pervers s'engouffrent: assassinats, emprisonnements, déportation... celui dont on pensait qu'il ne serait qu'une marionnette s'avère un redoutable manipulateur et le seul qui restera, c'est justement le plus pervers. Quand la pièce commence, il est déjà trop tard...
La mise en scène et le jeu sont parfaits. Chaque personnage est campé avec une incroyable justesse sur ce plateau pratiquement nu aux rares accessoires d'une redoutable efficacité. Vidéo en direct et musique "live" complètent le dispositif. DU TRES GRAND ART !