Tu n'avais jamais vu la mer, tu savais ses ravages.
Victor Hugo te les disait en vers,
Le journal te les contait en prose,
Et tous compatissaient.
Affronter la nature, c'est affronter les Dieux.
Prométhée boit sa honte sur un rocher perdu,
Oublié, abandonné, exemple inutile de l'orgueilleux châtié.
Et les hommes repartent à la conquête du rêve.
Temps héroïques, où le valeureux capitaine,
Sombrait avec le navire, dans l'honneur de la mer.
L'homme courageux défie les éléments,
La nature se venge: rappelle-toi, Titanic !
La une de Détective disait la beauté du courage,
L'âpreté de la vie, la dureté des temps.
Que ce soit à l'usine ou bien sur l'océan,
Le vieux Molloch veillait à rabaisser les Hommes.
Tu apprends qu'aujourd'hui le capitaine fuit,
Abandonne à leur sort les passagers fragiles,
Organise au besoin leur naufrage dans la nuit,
Comptant ses sous et sur d'autres victimes.
Autres temps, autres moeurs,
Victor est désuet et l'honneur est ringard.
Tel un navire égaré, l'Humanité sans boussole
Erre entre égoïsme et barbarie.
Est-il une île où aborder encore?