Aborder les choses de front, dès l'enfance.
La vie est rude, abrupte, exigeante,
Tendre aussi, pas guimauve.
Et la mort est partout, pas un mystère, pas une question.
Les morts sont au cimetière, pas au ciel,
Et les grands-parents, raides sur des photos noir et blanc,
Sont honorés en novembre, de dahlias et de chrysanthèmes.
Les morts ont des petits jardins que l'on fleurit,
Des regards photographiques incrustés dans le marbre
Et vous sourient.
Ils reçoivent des messages en lettres d'or que l'on dit épitaphes.
Joli mot mystérieux:
Tout passe, tout lasse, sauf le souvenir...
L'enfant acquiesce.
Une forêts de croix,
En marbre, en bois,
Riches ou pauvres,
Militairement semblables,
Civilement orgueilleuses,
Porteuses parfois d'un mort, couronné d'épines.
La mort est redondante.
On visite les morts, allongés sur leur lit, doigts mêlés.
Goupillon pour les croyants,
Main posée sur leur bras pour les autres,
Tous reposés, tous tranquilles, comme endormis.
Murmures compatissants,
Soupirs.
C'est le temps des vies rudes et des adieux précoces.
On enterre des bébés, dans l'odeur suave des lys blancs.
Les cloches sonnent,
L'orgue retentit,
On marmonne des prières,
Et les femmes en pleurs pensent à leurs enfants.
Les allées des cimetières
Montrent encore de ces petits jardins
Délaissés,
Délabrés,
Où reposèrent jadis les petits anges.
Traces encore de ces temps difficiles,
Et que le temps efface, comme ile reste.