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Des écrits poétiques et littéraires agrémentés de photos ou de tableaux et aquarelles... le monde sensible transfiguré par les mots et les couleurs.

Les Nibelungen

Publié le 7 Novembre 2014 par Nicole Fack in Récit

Alberich

Alors, Siegfried entendit quelque chose qui bruissait derrière lui. Ça bruisse toujours comme-ça dans les contes ! Il se retourna et en contre-bas, il vit un nain. Un nain tout seul, à peu dès haut comme un enfant de quatorze ans, mais barbu, qui se jeta sur lui et disparut. Pourtant, Siegfried était attaqué: on lui tapait sur la tête, pas des coups particulièrement violents, pris isolément, mais ils n'étaient pas isolés. Ils pleuvaient en masse, ces coups. Sur ses épaules, il sentait des coups de pied; le nain trépignait sur lui, il sautillait sur ses épaules et avec deux bâtons, il frappait sa tête comme un tambour. Un véritable batteur de Heavy-Metal.

Qui est ce nain?

Alberich est son nom. C'est un de ces êtres qui peuplent la nature, le roi des elfes, qui justement passait par là. Alberich possédait un heaume qui le rendait invisible. Il l'avait enfilé pour attaquer Siegfried... eh oui, nous revoilà en plein conte ! Dans les sagas islandaises, cet Alberich est donné comme un être intermédiaire, entre elfe noir et elfe blanc, donc entre bien et mal. Agé de quatre cents ans, il est fort comme une douzaine d'hommes. tout ça dans un corps d'enfant. Plus contradictoire que lui, tu meurs. Wagner en fait un vieillard cruel et barbu. Dans le Songe d'une Nuit d'Eté, de Shakespeare, on le retrouve sous la forme de Puck, une sorte de cousin germain. Donc, Alberich s'agrippait à Siegfried et le rouait de coups. Finalement, Siegfried laissa échapper son épée Balmung. Alberich, invisible et preste s'en saisit et Siegfried fut contraint à un combat inouï: il dut se battre contre une épée qui dansait dans l'air et dont les mouvements étaient parfaitement imprévisibles. Finalement, il donna pour la troisième fois un ordre à Balmung: "Epée Balmung, écoute-moi, frappe celui qui te tient!" L'épée frappa, arracha son heaume d'invisibilité à Alberich qui fut renversé. Siegfried saisit l'arme et se plaçant au dessus du nain, il en appuya la pointe sur la gorge du nain disant:

-Je ne te veux aucun mal, je ne veux pas te tuer.

-Alors, ne le fais pas, dit le nain.

-Donne-moi une bonne raison de ne pas te tuer.

-Je vais te donner une raison, dit Alberich. Le trésor qui est là t'appartient désormais et l'armée muette, au pied de la falaise, t'appartient aussi. Mais tu as besoin de quelqu'un pour administrer ce trésor et qui surveille l'armée. Je ferai ça pour toi.

-Et pourquoi te croirais-je? Donne-moi un gage de fidélité.

-Prends ce que j'ai de plus précieux. Prends mon heaume d'invisibilité, dit Alberich. Siedfried accepta. C'est ainsi qu'il laissa à Alberich l'administration de son trésor et la surveillance de l'armée. On remit l'or dans la caverne. A la fin de la nuit, Siegfried dit à Alberich :

-Tu sais, aujourd'hui, j'ai tué un dragon, je suis devenu invincible, je possède le plus grand trésor du monde, j'ai acquis le heaume qui me rend invisible, mais je n'ai pas accompli mon simple devoir. Je n'ai pas encore trouvé le charbon de bois que je dois ramener. Où est ce charbonnier?

-Tu n'es pas sur le bon chemin, dit le nain, bien plus bas, au croisement, tu aurais dû prendre à droite et non à gauche, on t'a trompé. Les compagnons de Mime voulaient ta perte.

-Et pourquoi voulaient-ils ma perte?

-Tu le demandes, railla Alberich.

-Mais je ne sais pas pourquoi, dit Siegfried en tapant du pied, rageur.

-Alors, réfléchis!

-Je ne peux pas deviner. J'ai toujours fait ce qu'il fallait; j'ai travaillé plus que quiconque, j'ai porté les charges les plus lourdes, je ne me suis jamais moqué de personne, j'ai même ri aux plaisanteries débiles que les autres faisaient. Le matin, j'étais le premier à l'ouvrage et le soir, je finissais le dernier. Quand les autres s'esquivaient, je me taisais, mais moi, je ne me suis jamais esbigné. Mon chef-d'oeuvre était un filet extraordinairement difficile à forger, alors que les autres se contentaient de rails de chemin de fer !

-Justement, dit Alberich. Mais Siegfried ne comprenait pas. Il se disait : si les compagnons m'on trompé, s'ils ont voulu ma perte, je n'ai plus aucun devoir envers eux. Inutile d'aller chez ce charbonnier, je n'ai pas à ramener le charbon de bois.

Il jeta les paniers au loin et se mit en route pour Xanten. Il avait promis à sa mère que dès qu'il aurait trouvé quelque chose qui eût de la valeur à ses yeux, il rentrerait. Maintenant, il avait trouvé beaucoup de choses. Maintenant, il voulait rentrer.

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