Un petit mot à Mme Merkel

Liebe Angela !

Chère Angela !

Je vous admire beaucoup, comme bien des Français. Vous êtes une femme forte (je ne parle pas de votre tour de poitrine) Vous êtes une femme intelligente et vous êtes à la tête du plus puissant pays d'Europe. Vous faites la leçon à tous ces présidents français qui pensaient faire de l'Europe une France en plus grand... vous réussirez peut-être à faire de l'Europe un Allemagne en plus grand, qui sait ?

Toutefois, je voudrais vous faire un petit rappel: souvenez-vous que l'Allemagne n'a pas toujours été le parangon de vertu que vous voulez incarner. Je parle vertu économique. A l'époque de la réunification, quand vous viviez encore à l'Est, dans l'austérité communiste qui n'était pas si loin de la rigueur protestante de votre pasteur de père, l'Allemagne de l'Ouest a utilisé un déficit important pour réaliser les reconversions économiques nécessaires et transformer l'ex RDA en économie de marché en fermant les usines, mettant les ouvriers miteux au chômage, implantant les grosses firmes capitalistes sur votre sol, et vous donnant au passage la liberté qui vous faisait défaut. A cette époque, le dogme du déficit zéro n'était pas vérité d'Evangile, rappelez-vous... et c'est grâce à cette souplesse-là que vous avez pu sortir du sous-développement communiste. Je me demande si vous ne devriez pas faire la même chose en Grèce, au lieu d'enfoncer ce pays que les Allemands adorent, dans une misère de plus en plus terrible et dans une incapacité toujours plus grande de rembourser une dette qui ne cesse de croître.

Voyez-vous, j'ai eu la faiblesse de croire à l'Europe comme à une entité solidaire et positive. La sacro-sainte loi de la concurrence a détruit tous nos espoirs et attise les haines entre pays, entre individus, entre visions du monde.

Sainte Utopie, priez pour nous !