Ah, mon père ! ... ça se corse.

Le soir, seul dans ma chambre, je me concentrai pour entrer en contact avec mon Père, et pour l'engueuler: bon sang, comment veux-Tu que je leur fasse comprendre Ton importance, si Tu ne me donnes pas un coup de main? ... ils n'étaient que cinquante, pas sept mille ! j'en aurais chialé. Mais au bout d'un moment, à force de méditer, j'ai compris. Le miracle s'était tout de même produit, puisque les gars qui son d'ordinaire des égoïstes forcenés, avaient tout donné aux malheureux ! Cette idée me mit du baume au coeur. Elle tourna longuement dans ma tête avant que je réussisse à m'endormir, épuisé. Il fallait trouver un moyen d'aller plus loin, de venir en aide aux démunis, non pas une fois, mais régulièrement, efficacement. La résignation des adultes était tout simplement répugnante, à nous de prendre les choses en main. Merci, Père, encore une fois, Tu me montres la route !

Les jours suivants, nous les avons passés à analyser les événements survenus à la rivière. Je finis par dire à mes disciples que j'étais ni plus ni moins que le fils de Dieu, qu'il m'avait envoyé sur la terre pour rétablir la justice et que pour ce faire, j'avais besoin de leur aide. Contrairement à ce que j'aurais cru, ils ne rejetèrent pas cette idée. Comment faut-il s'y prendre? demandèrent-ils.

-Nous devons entrer en lutte contre les possédants, contre les corrompus, contre les juges, même,s'ils se montrent injustes. A partir d'aujourd'hui, c'est mon Père qui parle par ma voix, et c'est Lui le juge. Mes disciples applaudirent.

-C'est un peu comme Robin des Bois? demanda Mathias.

-Non, nous ne volerons personne, mais nous dénoncerons tout ce qui n'est pas conforme aux commandements du Père.

-Eh bien, on va avoir du boulot ! conclut, Jeannot. Tout le monde se mit à rire. Mais dis donc, reprit-il, qu'est-ce qu'il dit, le Joe, quand tu parles de ton Père? ça doit lui faire quelque chose que tu le renies comme ça... Je ne répondis pas . Pas envie d'entrer dans les détails de ma vie privée, pas envie d'évoquer la conduite de Marielle.

-Dès la fin des épreuves du bac de français, on passe à l'action; J'ai en vue une intervention à la cathédrale du diocèse. L'évêque s'en met plein les poches avec sa boutique de souvenirs, ça ne lui fait même pas honte, à ce renégat. On fera une descente là-dedans un de ces jours pour ramener un peu de morale dans la religion. Vous en dites quoi?

-Oh là ! s'attaquer à l'évêque, dis-donc, pour un fils de Dieu, tu y vas fort !

-Qui d'autre que moi, à ton avis? Je suis le mieux placé, non? Allez, révisons sérieusement, que personne ne puisse rien nous reprocher, et préparons-nous à l'action.